Note d'intention "Isabel Green" d'Emanuele Aldrovandi
Qu'est-ce que l'Homme du XXIe siècle ?
Depuis le début des années '90, tout s’accélère. Internet précipite la planète entière dans la mondialisation. Les moyens de transports vont de plus en plus loin, de plus en plus vite. Les peuples
du monde entier s’américanisent, le modèle capitaliste est la norme. Ces changements sociétaux
font exploser les moeurs, la famille nucléaire tend à disparaître, Dieu n'est plus au centre du jeu !
Peut-on penser que l'Homme a traversé ses évolutions sociétales sans inclination ?
Nous vivons désormais dans une société de la performance, où l'individualité et l'accomplissement
de soi ont remplacé Dieu.
Isabel Green se fait en cela le miroir de notre époque. Une analyse Freudienne dirait que la
psychologie du personnage frôle l'hystérie, aujourd'hui nous dirions qu'Isabel souffre de troubles
narcissiques, obsessionnels-compulsifs, borderlines, histrioniques... à la limite du burn-out !
Tant de pathologies dont souffre notre époque ! Mettre en scène Isabel Green, c'est mettre en scène
les hommes et les femmes de notre temps, descendre en eux, rechercher la fêlure pour mieux
comprendre ce qui nous ronge...
Derrière le masque de la protagoniste, qui essaie de « fare bella figura » devant les caméras, les
photographes, le public, se cache une femme qui dit : « Non » à cette société ! Une femme qui
résiste à l'aliénation des réseaux sociaux, de la femme idéale, et du capitalisme.
Le temps de la représentation qui est un temps suspendu nous permet de faire une pause et de faire
émerger à l'intérieur de chacun de nous sa propre solitude, de nous questionner sur notre rapport au
monde, et de nous poser les bonnes questions.
Le texte d'Emanuele Aldrovandi permet cela, il nous laisse entendre dans une langue superbe, le
chaos intérieur. Ce vide qui est en chacun de nous, qui ronge. Ce vide qui, hier encore, était comblé
par Dieu, qui donnait un sens et une trajectoire à nos vies et qui désormais a laissé place à cette
société de la performance... Où tous, nous nous devons d'être les meilleurs, et qui nous oblige à
vivre au superlatif !
Porter cette oeuvre à la scène, c'est amener le public avec nous dans une course effrénée vers sa
propre libération à travers un chemin sinueux où le bonheur, la folie et la dépression se mêlent... Se
perdre le temps d'une représentation et qui sait, peut-être se retrouver ?
Valentin Ehrhardt
Distribution :
Mise en scène : Valentin Ehrhardt
Interprétation : Valentina Vandelli , Denis Jarosinski
Costume : Giuseppe Lo Buono
Création lumiere : Frédéric Toussaint